Mon étape du Tour à moi

Mon étape à moi.

La feuille de route était pourtant simple : plat, montée, descente, montée, descente, montée, descente, montée et voilà le tour est joué… facile. Non ?

Mais voilà  dans la Madeleine j’ai oublié la recette ;

Dans le Glandon j’ai bien glandouillé ;

La Croix de Fer je l’ai portée à bout de manivelles et même qu’elle était bien lourde ;

Dans le Mollard j’ai tout expectoré ;

Et puis la Toussuire, j’étais pas beau à voir à l’extérieur comme à l’intérieur où j’ai failli tout perdre ou plutôt tout balancer…

Mais en fin de compte malgré des dizaines d’arrêts, 2 km de marche, des prises de tête avec mon fier destrier, des « qu’est ce que fou là ? », « maintenant ça suffit je bâche… », « pu.. j’en ai marre » ben je suis arrivé au bout du bout de moi même et dans les délais.

Enfin bon tous comptes faits c’était bien ça l’essentiel et le reste c’est pour les longues soirées d’hivers au coin du feu quand grand père je raconterais à mes p’tits fillots et fillotes l’histoire du chevalier Glandu à la Croix de Fer poursuivant Dame Madeleine jusqu’à la Sybelle Toussuire, assis sur un destrier à deux roues…

 

Et pourtant tout avait bien commencé, un samedi sous le soleil entre potes de vélo Hervé, Eric, Thierry et Pierrot.

 

D’ailleurs parlons en de Pierrot. Pierrot « le fou » « le fada » « l’inconscient » ou « l’innocent » qui LUI c’est lancé le défi après seulement un an de vélo de faire les deux étapes alpine et pyrénéennes. Il est dingue c’est sûr ! Même le coach l’a dit ! C’est pour dire si c’est vrai. Et pourtant… et pourtant dorénavant il faudra lui parler avec tout le respect que l’on doit à quelqu’un qui réussi un paris aussi osé…

 

Bon je reprend, un aller retour à St Jean de Maurienne pour déposer le camion, un tour sur le village étape où Eric le Veinard gagne un teeshirt Craft - qu’il regardait avec envie depuis la veille - pour avoir été le 1000ième à serrer la paluche au gars du stand Treck , un petit tour de reconnaissance de 30km tout en douceur. Bref tout va bien dans le meilleur des mondes. En plus la météo prédit un temps favorable pour le lendemain nuages et soleil, température autour de 25°C quoi de mieux pour des cyclistes en ballade alpestre? Un petit resto entouré de pin up et une bonne sieste de 4h60mn. Le décor est planté reste plus qu’à jouer aux cyclistes…

 

Réveil 5 heures, petit dej, coup d’œil au ciel … il pleut. La météo c’est aussi sûr que les amis au vélo. Au moins on ne sera pas en surchauffe on se console avec ce qu’on peut.

 

6 heures prise de position dans les sas, le groupe se sépare. Chacun écrira l’histoire de son coté : Hervé et Eric en sas 3 forcement eux ils sont bons, Thierry et moi en sas 6 forcément on est moins bon

et Pierrot en sas 8 normal il est inconnu d’ASO. Ha ! j’oubliais Alain qui part du sas 4 évidemment le talent est toujours récompensé à sa juste valeur !

Rencontre sympa de Fabien qui vient de sa Suisse adoptive pour défier les pentes de la Maurienne.

7h25 les dés sont jetés, passage sous la borne zéro km petit client sympa de la présentatrice à la ville de Sartrouville et voilà c’est parti. 20km de plat ou presque, je déroule tranquillement avec Thierry, la pluie s’arrête et nous aussi pour ôter les goretexes ( à prononcer avé l’assen du coach). 20 km tranquilles ce seront les seuls de la journée… !

km 21,5 attaque de la Madeleine avec Thierry on se fait la bise et on se souhaite bonne chance effusion de larmes mais c’est la vie… je colle le triple garde trois couronnes au cas où. Là je suis en pleine confiance je mouline, les sensations sont bonnes les jambes aussi, je me colle la musique dans les esgourdes et je mouline je mouline à mon rythme, en douceur. Et comme dirait l’autre j’aborde le col avec doigté… Les kilomètres s’égrainent et les pourcentages restent indulgents, je rejoint Alain qui semble bien aussi. On échange quelques civilités bien à propos puis je pars… mais quelques kilomètres plus loin la machine se dérègle, j’ai du me mettre dans le rouge alors je fait une pose : erreur car c’est un aveux de faiblesse et ce ne sera pas le seul. Alain me redépasse et c’est le début d’un mano à mano  bien involontaire. Et on va comme ça à la recherche de ce sommet qui n’arrive pas, cette montée n’a pas de cesse, elle est usante. Et le soleil qui apporte sa chaleur. Et dire qu’il devait faire frais !

 

Enfin le col, une photo pour immortaliser l’instant (ce sera la seule de la journée)

et je bascule en espérant me refaire la cerise. Mais la descente est longue et demande de la concentration.

Enfin le pied du Glandon, l’heure de vérité. Y a pas de raison que je n’y arrive pas chaque montée est différente. Ca c’est vrai car celle ci je ne suis pas prêt de l’oublier : je me délite au fur et à mesure que la route s’élève et j’explose à 4 km du sommet. Plus de musique dans les esgourdes ça me gonfle !

La voiture chrono me dépasse « tout va bien ?» me demande t on.  Bien sûr que tout va bien… j’ai des crampes, la pente affiche 15%, il fait chaud à mourir et un foutu vent de face. Pourquoi ça irait mal ? Hein ? Moi je vois pas !!. Je n’ai plus de couronne de réserve, tout est à gauche. Je suis au milieu d’une armée de cyclos en déroute. Je m’obstine mais fini par parcourir les 2 derniers km à pieds. Je ne suis pas le seul… Je passe le col agar (cf vidéo disponible sur le site ASO).

Je parcours les 2 km qui séparent le Glandon de la Croix de Fer avec les crampes qui se déclenchent alternativement sur les deux jambes « Bon sang qu’est ce que je fou là ? Faut vraiment être un fieffé co..d pour se lancé la dedans ! ». Je dépasse la voiture chrono arrêtée et  bascule pressé d’en finir, j’avale le Mollard par désespoir, il me reste coincé dans la gorge. Et les crampes qui oublient de m’oublier.

St Jean signale la dernière ascension de la journée. 20 km de galère où l’envie de tout balancer ne cesse de me tarauder les méninges. Alain et Pierrot m’exhortent de finir « Abandonner maintenant tu n’as pas le droit, tu dois finir !» me dit Alain. Alors je m’accroche je monte doucement plus doucement c’est pas possible question d’équilibre hectomètre par hectomètre me fixant des mini challenges «Tu t’arrêtes dans 1 km pas avant ! » Et de fils en aiguilles, d’arrêts en reprises, poussé par les encouragements d’anonymes au bord de la route je fini par passer la flamme du dernier km. Les derniers mètres sont plats et au bout la délivrance. J’ai fini et j’ai pleuré comme un gamin de fatigue et de joie…

Merci à tous ceux qui m’ont encouragé, invectivé, merci à Mathilde ma fille pour son texto qui m’a donné la force d’aller au bout de moi, rien que pour elle je ne pouvais devais pas abandonner. Merci à Martine pour ces pommes de terre et à son accueil sur la ligne d’arrivée.

Et bravo a tous car tout le monde à fini dans les délais. Mais bon sang que ce fut dur et intense.

PJ

Résultats :

Hervé 3526

Eric 3527

Thierry 3916

Pierrot n’est pas été classé faute d’avoir mer… sur un passage de contrôle mais fini sans doute en 11h10 (parti 20mn derrière moi et arrivée 15mn avant) ce qui donne une 3960ième place

Alain 4265

PJ 4275

 

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