La joyeuse bande des cyclo-potaches

Vivre ensemble pendant neuf jours consécutifs -matin, midi et· soir-permet de mieux se connaître , de s'appréhender les uns
les autres de façon différente.Les situations révèlent les personnalités.Chacun s'acquitte d'un rôle...
Lionel redescend et remonte chaque col en nous· accompagnant avec patience ; Michel, énervé le matin juste avant le départ,
découpe sa cale de chaussure ; Jojo réprimande ceux qui n'ont pas attendu (dont je suis) ; Jean proteste "on a suivi le parcours";
Biquet s'arrête, seul,· dans le défilé rocheux pour prendre une vue exceptionnelle ; après Sartène , Bernard gueule parce-qu'on ne l'a pas
attendu; Daniel Desfoux nous conduit en camion découvrir les calanques de Piana...
Tout cela fait d'excellents copains.

Petite typologie des potaches plongés dans l'aventure, loin· du Vexin.

Georges Georgala· : le parrain ; Guy Rochet : le référent "canal historique" ; Daniel Roby : le parigo ; Daniel Desfoux : Joyeux ;Léon Rastel : le sage ; Gérard Leclère : le perfectionniste ;
Jean Fargeix : l'efficace ; Lionel Ravagnie : l'étalon ; Jean-Pierre Tsakiris : le pater familias ; René Bec : Tienlecouléné ; Claude Dufour : le délégué (au C.E !) ; Bernard Layer : Grincheux ;
Michel Lauvergeat : Père la rigueur ; Alain Philippot : le routier ; Et moi-même , le "professeur"...d'après Roby, bien que je n'ai ni le diplôme, ni le mérite...

J et H M.

Amoureux de la Corse je suis tombé
Une fois, je l’avais entrevue, près de Bastia, fleurie et bleutée, étincelante de soleil. Depuis, elle était restée au fond de moi. J’attendais de la retrouver à la faveur d’un improbable détour.

Début septembre, sa chaleur est douce, 36-37°C au plus fort d’une montée, mais son vent léger, à l’approche du sommet nous apporte une délicieuse fraîcheur, plus loin, l’eau de la fontaine ravit notre gorge et apaise notre nuque. Arrivés en haut, col de Verghio 1453 m, derniers cents mètres, la communion avec la nature, mêlée à la joie d’être arrivés au bout, provoquent la jubilation. Les plaisirs de la descente - 25 kms avant Porto-Vecchio - entraînent l’exaltation, alternance rapide de l’ombre des feuillages et de la lumière du soleil, cochons ou bovins surgissant, 4X4 virant à gauche, en face….Ca sent le patin. Les copains se sont lâchés et m’ont lâché…Me v’la largué. Victime de ma prudence.

Louons la quiétude des places de village ombragées désertes à midi – Ghizoni – maillots ôtés (pas le bas !), tongs enfilées, tables et bancs de pierre, vue sur le clocher de l’église en contrebas, chiens pacifiques, doux compagnons, merveilleuses pâtes bolognaises de Claude, accompagnées du rosé local, mouillé de quelques glaçons ( le must !)…

Au chapitre de l’attention paternelle et des talents culinaires, louons ceux de Zaza et de sa divine charcuterie : coppa, lonzu et prisuttu…Slurp !

Bonheurs de promenades amicales et familiales de fin d’après-midi et soirée. Quartier libre, on a fait l’étape. Neufs jours consécutifs, 750 kms, au total. Après la douche, on remobilise quelques forces pour marcher. La douceur du soir caresse les bras. A 21 heures, on se balade encore en tee-shirt. En terrasse, la Pietra et les sorbets au fruit régalent les gosiers.

Saint-Florent, Calvi (baignade), Porto (baignade interdite, trop de rouleaux), Corte, Vizzavona, Zicavo, Porto-Vecchio (baignade à Santa Giula, paradisiaque).

L’eau est à 25°C. C’est bon.

Et l’inoubliable détour par San’t Antonino, qui fut recommandé par Daniel Roby.

Les difficultés, on les aimées, on en a toujours triomphé : Santa Lucia (20% avec récompense : vue panoramique sur la baie de Calvi), Ota, Gorges de Spelunca, cols de Verghio, Verde, Vizzavona, Bavella…

Et, même la fois où Jojo nous a fait crapahuter entre Porto-Vecchio et Propriano, après nous avoir épuisés avec un chahut de gamins sous une chute d’eau, puis nous a servi triple pastis jaune dense, et vin rosé et rouge à volonté. Il nous avait promis une descente courte et facile, ce qui nous avait autorisés à nous lâcher – sauf lui, qui continuerait dans le camion.

Après ce fut la punition : cagnard à 38°C, route de montagne truffée de nids de poule, itinéraire qu’aucun autochtone ne prend jamais, et dont nous ne voyions plus la fin, compteurs bloqués à 10 kms/h…

Ce jour-là, je me dis «· Si je m’en sors, je m’engage dans la Légion. Ca me fera un petit complément de retraite. »

La diversité des paysages est éblouissante : fleurs de lauriers et bougainvilliers, ombre des oliviers. Corsica, ile de toute beauté, partout – mer, montagne ou paisible solitude, sérénité, du Désert des Agriates –

Et les Corses… Souriants, accueillants, à l’écoute, prompts à engager la conversation, et à nous régaler d’une cuisine soignée…

Les quatre belles de Sartène, installées à la table voisine en terrasse, nous invitent à piocher dans leur sac de beignets pour nous redonner des forces, avant de remonter sur le vélo.

Ce chasseur, rencontré en haut d’un col cherchant ses chiens, partis courir derrière «· le sanglier du bas », qui nous a dit son admiration de nous voir lancés dans une pareille épreuve.

L’humain, ce n’est pas le moindre des cadeaux de la Corse.

Je dois dire mon bonheur d’avoir vécu pour la première fois, matin, midi et soir, avec quatorze de mes copains. Rouler ensemble chaque dimanche matin depuis 25 ans ne permet peut-être pas toujours de bien se connaître. Après cette belle aventure, eux comme leurs épouses, je peux les appeler « amis ».

Et l’un de mes plus beaux cadeaux fut de voir Josyane (la mienne d’épouse) rire avec eux, les aimer comme moi, en tirer même une galerie de portraits de potaches plutôt juste.

Merci Jojo, de nous avoir fait vivre avec la Corse. C’est sans doute l’un des beaux pays au monde.

L’amour m’a pris. Je n’ai qu’une envie : la retrouver vite !

Hervé Moineau

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