Chaque lundi, retrouvez notre nouvelle chronique «Roues cool» qui aborde le vélo comme moyen de déplacement, sans lion en peluche ni bob Cochonou.

Tous les cyclistes qui ont commencé à fleurir sur les routes en cette rentrée sont en train de sauver la planète en limitant leur impact carbone, en faisant faire des économies à la sécu et en gagnant du temps bien utile pour la productivité de la start-up nation. Néanmoins, comme le disait Benjamin Parker : «Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.» Faisons donc un rapide état des lieux des droits et des devoirs des usagers de la bicyclette.

Dans son livre le Code du cycliste, Ludovic Duprey liste «plutôt les droits que les devoirs du cycliste, car ses devoirs sont ceux des dispositions générales du code de la route qui s’appliquent à tout le monde». En revanche, le juriste (1) a découvert, en épluchant les différentes réglementations, que les collectivités avaient deux obligations vis-à-vis des cyclistes qui sont en général non sanctionnées : «Fournir des places de stationnement pour les vélos et ajouter des bandes cyclables sur toutes les rues et routes qui font l’objet d’une réfection. Tout le reste est laissé à la disposition des collectivités.» Notamment la création de pistes cyclables séparées de la circulation.

Où doit circuler le cycliste ?

C’est la grande question qui provoque des conflits permanents entre usagers de l’espace public : les automobilistes pestent contre ces lambins sur des routes où ils pourraient foncer à plus de 50 km/h, les piétons fulminent contre ces dévoyés qui enroulent la bracasse sur le trottoir.

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Les pistes cyclables ne sont obligatoires pour les vélos que si elles sont indiquées d’un panneau rond (vive les Bretons). Elles sont simplement conseillées si le panneau est carré. Les cyclistes ont également souvent droit à une zone appelée «sas cyclable» au niveau des feux tricolores pour qu’ils puissent se positionner devant les autres usagers de la route (le but étant de ralentir le trafic.)

Le reste du temps, le cycliste peut se déplacer sur la route comme les autres véhicules, en se positionnant à droite de la chaussée, sauf lorsque des voitures sont garées à sa droite. Il a alors le droit de rouler au milieu de la chaussée pour se prémunir des ouvertures de portières intempestives. Et rien ne l’oblige à se rabattre sur la droite pour faciliter le doublement par des véhicules motorisés ; en revanche ces derniers disposent d’une autorisation de chevaucher la ligne blanche pour pouvoir doubler avec le mètre de sécurité réglementaire. Oui, 1 mètre soit 100 cm, le minimum en agglomération (1,50m hors agglomération).

Les cyclistes peuvent circuler sur les trottoirs, mais doivent tenir leur monture à la main et marcher à côté. Sauf les enfants de moins de 8 ans qui ont le droit de rouler sur les trottoirs et zones piétonnes. Les zones de rencontre sont autorisées aux cyclistes qui pédalent. En revanche, ils doivent rouler au pas et accorder la priorité aux piétons. C’est d’ailleurs une règle qu’il est facile de retenir : le piéton est toujours prioritaire. Pensez que dans la chaîne alimentaire de la route, il est encore plus vulnérable que le cycliste.

Les cyclistes peuvent prendre à contresens les voies à sens unique sous certaines conditions. Que soit indiquée au sol une bande cyclable (et un panneau les autorisant). Si un quartier est en «zone 30», c’est normalement autorisé partout. «Si la localité ne précise pas que le double sens cyclable est interdit en zone 30, on peut considérer qu’il est autorisé», selon Ludovic Duprey.

A quelle vitesse doit rouler le cycliste ?

En dehors des capacités intrinsèques de pédaleur, les limitations de vitesse sont les mêmes pour les cyclistes et pour les motorisés. Sauf sur les autoroutes et autres voies rapides qui sont des axes interdits aux cyclistes. Le radar pédagogique à l’entrée du village n’est donc pas un outil pour tester sa pointe de vitesse au sprint.

Est-il possible d’avoir des points de permis en moins pour un excès de vitesse à vélo ? La réponse est non. «Un juge peut sanctionner de suspension de permis de conduire un cycliste pour une infraction, explique Ludovic Duprey. Par exemple dans le cas du franchissement d’un feu rouge, ou de conduite en état alcoolique. En revanche, il n’est pas possible de lui retirer des points.»

Le cycliste peut-il griller les feux rouges ?

Comme tous les usagers de la route, il doit respecter les feux tricolores. En revanche, des exceptions sont prévues avec le fameux panneau M12. Celui-ci peut être disposé par les collectivités au niveau des feux tricolores et permet aux cyclistes de considérer le feu tricolore comme un cédez-le-passage. Il peut donc le franchir s’il prend une des directions prévues, mais il doit laisser la priorité aux piétons qui traversent et aux autres véhicules engagés dans la circulation.

Le panneau M12 est parfois de taille respectable afin que tout le monde le voie. A Paris, la municipalité a choisi un panneau de petite taille, visible seulement quand on s’approche du feu. Les flèches indiquent quelles directions sont possibles pour le cycliste qui franchit le feu rouge. Les directions peuvent très bien se cumuler, avec le jackpot de la flèche tridirectionnelle que l’on voit souvent à Antony.

Comment doit s’équiper le cycliste ?

Il n’y a pas de tenue obligatoire pour faire du vélo, sauf hors agglomération la nuit. Dès lors doit être porté un gilet réfléchissant à haute visibilité, plus communément appelé «gilet jaune». En revanche, le vélo en lui-même doit posséder quelques éléments de sécurité : freins, sonnette, éclairage et catadioptres.

Le casque n’est pas obligatoire à vélo, sauf pour les enfants de moins de 12 ans, qu’ils soient pédaleurs ou passagers. Les casques audio sont eux interdits aux cyclistes comme à tous les conducteurs de véhicules sur la route. Si vous voulez écouter la radio en roulant comme le font les automobilistes, vous avez le droit d’utiliser une enceinte portative et en faire profiter votre entourage. Un peu de musique vaudra toujours mieux que le vrombissement des moteurs. Il ne vous reste plus maintenant qu’à enfourcher votre engin et pédaler, par exemple pour vous rendre au travail.

(1) Le Code du cycliste Cet ouvrage à la couverture rouge typique rassemble (dans un format mini que l’on peut glisser dans la musette) toutes les dispositions relatives aux cyclistes dans le code de la route, le code de la construction, le code de l’urbanisme ou encore le code du travail. L’auteur Ludovic Duprey est premier vice-président adjoint au tribunal de grande instance de Lille et «cycliste non sportif depuis douze ans». Une mise à jour doit être lancée après l’adoption de la loi d’orientation des mobilités examinée en ce moment à l’Assemblée.

Julien Guillot